Adaptation/Confection pour Ayena

Constance avait été ravie de la tenue faite par Ayena pour assister à l'anoblissement de son amie et à présent elle voulait la faire modifier ou en faire une nouvelle.
Elle avait donc demandé à rencontrer l'artiste. Elle avait donné comme petit code "dites lui qu'il s'agit de la dame avec le collier au Cygne pour qui elle a fait un superbe [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]."

Elle espérait qu'elle serait comprise.
Elle espérait aussi que l'attente serait moins longue qu'à la Hérauderie où elle avait vu le blason qui lui était destiné.

Ha ! Drôle de journée. Pression et sourires pincés pour Ornice : la directrice de l'atelier, en la personne d'Ayena de Talleyrand était dans les murs. La chose était assez rare pour être mentionnée. Car la Baronne, souvent, cousait depuis ses terres languedociennes d'où elle livrait ses créations et autres adaptations. Mais là on était à la fin de l'été et Ayena avait quitté son Languedoc. Raisons personnelles, une longue histoire.

Quand une cliente entra, c'est une Ornice irréprochable qui accueillit la Dame. Position impéccable, ton de la voix avenant, et tout, et tout.

- Bienvenue à DECO. Puis-je vous servir ?

Sourire doux.

Constance répondit au sourire.

Bonjour. Est-ce que Dame Ayena est ici et disponible? Je viens pour lui passer une commande...

Si besoin je peux attendre un peu ou revenir une autre fois, à vous de me dire.

Elle s'attendait à devoir attendre un peu au moins pour que son hôtesse aille se renseigner.

Haaa ! Une cliente qui demandait la patronne ! A tous les coups, rendez-vous avait été donné... Ornice déglutit, désolée de ne pas avoir été mise au courant. Vexée un peu aussi : elle passait pour quoi devant les clients ? Tst... M'enfin...

- Maitre Ayena est ici.

Le ton n'était ni froid ni chaleureux. Il était simplement informatif. C'est que la petite Ornice commençait à se débrouilller pas mal dans la subtilité du langage !

- Voulez-vous me suivre ? Elle tr...

Non, non, pas le terme "travailler" ! Elle s'était déjà fait rouspéter le matin même pour l'avoir utilisé... Ayena était noble, elle ne "travaillait" pas !

- ... coud à côté.

Et la petite ouvrit une porte, s'y engagea et introduisit la cliente dans l'antre de la Talleyrand.

Et Ayena cousait, en effet. Non pas une commande, non pas quelque chose d'utile... Mais elle s'occupait les mains, pour se calmer. Car elle était venue dans l'atelier au petit matin, redécouvrant les lieux qu'elle n'avait point visité depuis presque deux ans - le temps d'un mariage et d'un veuvage en Languedoc, en fait... - et s'était agacé que tout cela ne soit pas comme "avant". Oui, c'était toujours mieux avant. Du coup, après avoir passé ses nerfs un peu sur Ornice, elle avait attrapé un morceau de tissu et c'était mise à coudre, archarnée, presque.

Lorsque la petite vendeuse entra dans la pièce où elle commençait à s'apaiser, la Talleyrand cru qu'il s'agissait là de provocation. Avant de comprendre qu'Ornice n'était point seule. Elle souleva donc un sourcil interrogateur, et depuis son fauteuil duquel elle ne se leva pas, elle attendait de savoir qui était sa visiteuse. Car c'était une femme, sûr. Ayena ne créait pas pour les hommes.

Constance offrit un petit sourire en apprenant que la couturière était présente et attelée à son ouvrage.

Elle suivit donc l'hôtesse et sourit largement à dame Ayena.

Bonjour. Je viens pour une retouche ou une nouvelle commande je ne sais pas trop...
Il est possible d'installer la tenue en question sur un modèle?

La couturière leva un sourcil interrogateur, se demandant qui était la femme amenée par Ornice... C'était une situation gênante et il faudrait encore houspiller la petite vendeuse pour lui apprendre le Ba-BA. Bref. A défaut de savoir le nom et le prénom de sa visiteuse, Ayena essaya de détailler la femme pour deviner son rang et/ou la taille de sa bourse. Donc. Certaine élégance, façon de se tenir correct : noblesse.

- Bien sûr, bien sûr.

Ayena attrape sa cane, à portée de main, et tape deux coups au plafond. On entend aussitôt une cavalcade dans un escalier et une petite boniche se présente, essoufflée.

- La jeune fille va vous aider.

Et on observe la scène avec bonhommie. C'est rigolo, en fait !

- J'avoue que vous m'intriguez.

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